Jean sur le fil
dans la phrase des pas
mince luciole
sur le blancheur des draps
Les yeux rendent le monde
la voix reconduit le langage
il pâlit et prépare son bagage
Le sang ne reconnaît plus les membres
et le cœur à tâtons
en cherchant la sortie
Minuit hésite sur le seuil
Alourdie de distance
la fenêtre et sa rumeur
La ville poursuit l’ailleurs
et le ciel ruisselle à la vitre
Dans le train des nuages
qui emporte la nuit
les cascades d’un oiseau dans le vent
on dirait les ailes du poème
Battement de page
il escorte le regard qui retraite
il risque un escalier
un envol, une lueur d’image
pour le départ des yeux
les yeux de Jean
qui devinent l’invisible
François Migeot
À Jean Bellemin-Noël
avec ma gratitude vive
29 janvier 2022