Audrey Louyer
« Les passages dans la littérature d’expression fantastique en Amérique latine »
On peut penser à Julio Cortázar, à Leopoldo Lugones, à Felisberto Hernández ou à Horacio Quiroga et associer spontanément ces noms au fantastique. Pourtant, au moment de définir ce qu’est le fantastique à partir des observations empiriques de la lecture, un problème se pose. D’ailleurs, au Pérou, Harry Belevan préfère parler de l’« expression fantastique » d’un texte plutôt que du fantastique, soulignant ainsi que l’effet fantastique peut varier selon des modalités plus ou moins consciemment voulues par l’auteur, et ce, tout au long de la lecture du texte. Réfléchir à cette écriture chère à Rémi Le Marc’hadour, qui lui a consacré sa thèse puis son habilitation à diriger des recherches, c’est se poser la question des bornes chronologiques et géographiques d’une écriture pratiquée sur un vaste continent et qui renvoie à des réalités très différentes. La diversité de cette écriture invite souvent à rechercher des traditions nationales et à parler de « fantastique mexicain » ou de « fantastique du Río de la Plata » par exemple, en choisissant les frontières d’un pays ou d’une aire géographique comme limite. Néanmoins, dans un contexte postmoderne, les points de convergence, ou passages possibles d’un auteur à l’autre et d’un pays à un autre sont beaucoup plus nombreux qu’on ne voudrait le croire. Si beaucoup de petites maisons d’édition bénéficient d’une diffusion réduite des oeuvres de fantastique et d’un écho limité auprès du public dans certains pays, la multiplication de colloques internationaux et de journées d’étude montrent l’effervescence qui anime la recherche sur la question de la littérature fantastique. Nous avons donc choisi de nous intéresser à l’essor de cette littérature à travers l’idée de passage.
Audrey Louyer, Université de Reims Champagne Ardenne,
audrey.louyer@univ-reims.fr
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