PARUTION
Antonio Dominguez Leiva & Sébastien Hubier, Schtroumpologies, Dijon, Le Murmure.
La science des schtroumpfs, jadis prônée par Umberto Eco, connaît un essor médiatique inédit. Renforcée par la prolifération de communautés interprétatives à l’ère des réseaux sociaux, elle se décline souvent sur le mode de la surinterprétation, prenant prétexte de l’oeuvre de Peyo pour dénoncer les travers du communisme, du fascisme, de la phallocratie, de la perversion, voire du satanisme.
Il convenait de revenir aux détails de cette saga foisonnante pour en cerner les véritables enjeux, les complexités et les contradictions. Comme la plupart des oeuvres pour la jeunesse, Les Schtroumpfs s’inscrivent dans un processus de réparation, qui passe en l’occurrence par un éloge de l’ordre pour pallier les vicissitudes de la réalité. Une des fonctions principales des albums de Peyo est ainsi de proposer aux jeunes lecteurs des solutions imaginaires à des conflits réels, et ce, même si les antagonismes, les tensions sociales, raciales, sexuelles ou politiques y sont apparemment gommées par l’organisation même de l’espace qui, fondée sur de fortes oppositions entre l’ici et l’ailleurs, entre l’assimilation et l’exclusion, consacre in fine le triomphe de l’harmonie et de la sérénité. Affiche jointe.
Antonio Domínguez Leiva est professeur en culture populaire à l’UQàM (Montréal) et l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire culturelle de la cruauté et de l’érotisme. Il a écrit plus d’une cinquantaine d’articles et est aussi romancier et scénariste.
Sébastien Hubier enseigne les cultural studies à l’Université de Reims et à l’Institut d’Études Politiques de Paris.