Evènements

Colloque Res per Nomen, « Polysémie et référence » Reims, 9-11 juin 2022

COLLOQUE RES PER NOMEN

Le CIRLEP (Université de Reims Champagne – Ardenne)
et l’USIAS (University of Strasbourg Institute for Advanced Studies)

organisent

le 8ème Colloque International Res per nomen

sur le thème

« Polysémie et référence »

du 9 au 11 juin 2022

Cela fait un certain temps que les linguistes ne se sont plus penchés spécifiquement sur la polysémie alors qu’elle était au centre de leurs préoccupations dans les dernières décennies du XXe siècle et au tout début de ce XXIe siècle1. Beaucoup d’auteurs la considéraient comme une caractéristique regrettable du système linguistique dont il fallait cependant justifier l’existence ; elle constituait alors un mystère qu’il fallait tenter de lever. Quant à la référence, elle continue d’être négligée, voire vilipendée, alors qu’elle est nécessairement au cœur des préoccupations linguistiques. Pour s’en persuader, il suffit de se rappeler que le référent est au premier plan dans l’analyse des expressions et opérations dites « référentielles » (détermination, anaphore, cataphore, déixis, chaînes référentielles, temporalité, etc.) : si nous parlons, c’est bien souvent de quelque chose, c’est-à-dire de notre expérience commune ou individuelle, qu’elle soit lexicalisée ou non, et ces opérations référentielles sont alors nécessaires. L’expulsion de la référence des préoccupations des linguistes est communément attribuée à Saussure lui-même (en fait au Cours de linguistique générale écrit par Bally et Sechehaye), et elle s’appuie ainsi sur un puissant
argument d’autorité.
Conjoindre polysémie et référence est dès lors peut-être un peu risqué. Pourtant, depuis Gottlob Frege (1892, 1971), le couple sens et dénotation (ou sens et référence) est bien installé dans les esprits. Pour cet auteur, les expressions étoile du matin, étoile du soir et Vénus ont la même référence, à savoir une planète particulière du système solaire, mais les phrases qui les contiennent, comme Vénus est l’étoile du matin ou Vénus est l’étoile du soir, expriment des sens différents. Pour Frege, le sens est « le mode de donation » de l’objet. Il n’est donc pas un attribut du lexique, mais d’une « pensée » construite à partir de dénotations qui réfèrent.
On peut aussi se rappeler l’adage de Ludwig Wittgenstein selon lequel le sens, c’est l’usage : les significations multiples proviennent de l’usage multiforme de la langue. La polysémie est alors inhérente au sens lexical car, contrairement à ce qu’on pense généralement, les mots existent avant les choses qu’ils viennent à dénommer : le mot souris était en usage longtemps avant qu’on s’en serve pour référer au pointeur informatique. La question est moins d’expliquer cognitivement comment on a pu nommer ainsi le pointeur, que de constater que cet usage existe et d’en tirer les conséquences linguistiques notamment en termes de lexicalisation, et donc de polysémie, voire d’homonymie.

Texte intégral :
https://view.officeapps.live.com/op/view.aspx?src=http%3A%2F%2Fwww.resper-nomen.org%2Frespernomen%2Fcolloque-2022%2FAppelRPN8.docx&wdOrigin=BROWSELIN

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