à propos de la parution de
Un silence de Bernard Fauconnier
Editions Pierre-Guillaume de Roux
Dans ce roman, Bernard Fauconnier tisse les fils de la Grande Histoire, celle de la Grande Guerre, et de la petite histoire, celle d’un couple, Augustin et Louise. Lui, un revenant de la boucherie de 14-18, battu par la guerre, battu par la vie, et cependant figure lumineuse pour le narrateur, ce petit fils que la vie lui a donné, malgré tout. Elle, petite chose fanée, quasi fantomatique, à la religiosité maladive, vivant en recluse, mais qui a pourtant eu, jadis, son moment d’audace. Entre ces deux là, un drame intime, né de la guerre, drame muet et, pendant plus de soixante ans, le silence.
Après la mort d’Augustin et de Louise, le narrateur, leur petit fils, apprend le secret. Commence alors un long dévoilement pour remonter à la source d’une filiation brouillée. Enquête familiale, quête des origines ? Ou plutôt magnifique tombeau pour Augustin, ce meurtri de la guerre dont il n’aime pas parler, cette guerre que le narrateur suggère par touches subtiles, pour dire ce qu’elle fait aux hommes, pour garder mémoire car « le souvenir de nos vies abolies ne vaut que par les récits autour desquels se bâtit l’assurance fragile qu’elles eurent lieu ».
Un roman qui illustre bien qu’ « on nomme littérature, la fragilité de l’histoire » (Patrick Boucheron)
Marie-France Boireau,
Université d’Orléans, Equipe de Recherche Interdisciplinaire Triolet Aragon (ERITA)