Brève de lecture
Les Amis de l’Ardenne, « Laïtou triste trou », n° 49, septembre 2015
(Revue trimestrielle Lettres – Arts – Histoire)
Dossier présenté par Roland Frankart
A Roche, petit village des Ardennes, dans le grenier de la ferme familiale dont ne subsiste aujourd’hui qu’un pan de mur, Rimbaud écrivit tout ou partie de la Saison en enfer. Le visiteur en est averti par le nouveau musée inauguré à Charleville le 20 octobre dernier.
Une lettre à Delahaye précise : « Laïtou Roches) (canton d’Attignies), Mai 1873 », « La mother m’a mis là dans un triste trou ». Ce printemps suit l’épisode londonien et précède le coup de révolver de Bruxelles qui ponctuent pour la légende l’orageuse relation avec Verlaine.
Difficile, semble-t-il, de dépasser le ton inaugural d’autodérision. « Depuis un siècle et demi, le petit village du canton d’Attigny est en butte aux sarcasmes de tous ceux qui ont eu un jour à écrire sur Rimbaud ». Mais voici davantage, avec cette anthologie réunissant trente-six auteurs, « d’hier et d’aujourd’hui », d’Ardenne et d’ailleurs : de quoi réfléchir sur le rapport crucial entre la parole poétique et le lieu qu’elle traverse et transcende. Dans les pas de Dhôtel, Bartelt, Goffette, Velter, Michon, Roud, Le Clézio, Bonnefoy, Gracq, Steinmetz, Bailly, entre autres, le lecteur amateur de poésie, guidé par une présentation sobre et efficace, trouvera de quoi se satisfaire. « Rien à voir ? Tant mieux » : de quoi penser, assurément.
Alain Trouvé
(Répertoire et bon de commande)