APPEL À CONTRIBUTION
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Carnets, revue électronique d’études françaises – Nº 17
Appel à contribution
« L’île : Prisme de la connaissance ou reconnaissance du monde »
Des siècles de productions artistiques, scientifiques, géopolitiques et médiatiques sur les îles ont contribué à créer des discours et des images si amplement diffusés qu’ils investissent notre regard sur le monde, souvent de façon indirecte et dérobée. Des propos convenus et attendus surchargent et masquent la réalité de l’île. On y recourt pour représenter et expliquer le monde et le rapport de l’homme au monde, même lorsque les territoires décrits ne sont pas insulaires et les hommes dont il est question ne sont pas îliens. Ce prisme de l’île contribue-t-il à mieux connaître la réalité où fonctionne-t-il plutôt comme un voile déformant, invitant à interpréter ce que l’on observe selon ce qui est déjà connu ?
Cette question se pose tout d’abord pour la représentation de l’espace. Et tout d’abord, l’espace insulaire, typiquement traversé de tensions contradictoires, l’île étant associée tantôt à un espace clos et isolé – « [é]loigner pour enfermer : tel est, vu du continent, le geste insulaire » (Fougère, 2016 : 4) –, comme ouvert sur le monde, tantôt protégé contre les forces adverses, tantôt exposé aux dangers extérieurs et à l’appétit de découverte ou de conquête. Il s’agira alors de se demander ce qu’il en est des spécificités de chaque île, rendues moins visibles par le biais des stéréotypes. Ensuite, l’espace continental, souvent décrit par recours à l’île et l’insularité, tantôt par un rapport de contraste, tantôt par un usage métaphorique, où l’insulaire se met au service d’une description synthétique et efficace.
L’île est aussi instrument de connaissance de l’homme et de la société. Dans sa petitesse, l’île est censée contenir tout le paradoxe de la vie humaine : « l’île fonctionne, dans l’ordre de la représentation, comme ferait la métonymie dans l’ordre du discours. Le signe vaut pour la chose, la partie est l’ambassade du tout » (Fougère, 1995 : 159). Le débat se prolonge entre ceux qui proclament que « chaque homme est une île » et ceux qui s’acharnent à prouver que « nul homme n’est une île ». C’est d’ailleurs un regard filtré par les idées reçues que l’on porte sur l’îlien, que l’on érige trop souvent en type. L’espace insulaire a aussi été utilisé pour expliquer, critiquer et influencer la société. Selon Racault, le politique et la réflexion sur la société ont même été constitutifs « de la figure littéraire de l’île jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle (Racault, 2010 : 364) Espace heureux, topophilique (Bachelard, 1961 : 26) ou hostile (Bachelard, 1961 : 27), l’île a inspiré des récits tant utopiques que dystopiques, ainsi que des robinsonnades, revisitées jusqu’au ressassement, dans une tentative de saisir les rapports de l’homme au monde.
Ambivalentes, entre ailleurs idéal et lieu d’exil et d’enfermement, la « perception de l’île n’est pas seulement fonction des particularités de ses réalités géographiques, mais suit la sémantique et la syntaxe de notre imaginaire » (Trabelsi, 2005 : 6).
Le prochain numéro de la revue Carnets se propose d’examiner cette « sémantique et syntaxe de notre imaginaire » et son influence sur notre façon d’appréhender le réel.
Nous accueillerons les contributions de tous horizons, des domaines de la littérature, des arts visuels et du spectacle, des sciences de la communication, en passant par l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la sociologie et les relations internationales.