Séminaire Approches Interdisciplinaires et Internationales de la Lecture (A2IL)
« Lecture littéraire et archives du personnage »
Séance du 20 mars 2025
17-19h
BU Robert de Sorbon, Salles 139-140 (et à distance)
Marie-France Boireau (Université d’Orléans)
« Hervé Le Tellier, Le nom sur le mur (Gallimard, 2024) : l’auteur-lecteur archéologue »
Le mot « archéologie » parait parfaitement adapté au récit de Le Tellier puisque le geste inaugural qui va donner naissance au récit, dont on peut dire d’ores et déjà qu’il est inclassable, est bien un travail de fouilles : en cherchant une maison dans la Drôme, l’auteur, premier lecteur de ce qu’il va découvrir, trouve, sous une plaque de céramique, « gravé à la pointe en lettres majuscules dans le crépi grège : ANDRE CHAIX ». C’est le premier geste de l’archéologue qui est aussi le premier lecteur du nom découvert.
À partir de ce nom, l’auteur-lecteur (que nous appellerons par commodité lecteur 1) va procéder à un travail d’archiviste et le texte va se construire par différentes strates temporelles.
Nous examinerons cette construction, alimentée à la fois par des archives, au sens strict du terme, qui concernent André Chaix, par des données relevant de l’imagination de l’auteur, à partir d’archives, de documents historiques, des références fournies par la mémoire de l’auteur qui pourrait dire, comme Mathieu Lindon « je suis une archive », enfin par des données autobiographiques.
Nous examinerons ensuite comment le lecteur du livre de Le Tellier (lecteur 2), joue avec ce matériau multiforme que constitue le texte de départ. Ce lecteur
2 va associer à sa lecture, en raison de ce que l’on pourrait appeler sa mémoire personnelle et culturelle, le souvenir de Louis Aragon et Elsa Triolet et découvrir une archive manquante.
Enfin, nous nous interrogerons sur les enjeux profonds de ce texte, notamment les enjeux politiques.
https://univ-reims-fr.zoom.us/j/97186204525?pwd=Wf8dQP5SwWDMW0mObFT3eavftsEJkx.1
ID de réunion: 971 8620 4525
Code secret: 951731
Marie-France Boireau, de double formation, à la fois historienne et littéraire, travaille actuellement sur le parcours de femmes oubliées de l’histoire, comme Maria Deraismes qui a mené un combat inlassable en faveur du droit à l’éducation pour les filles, combat pour les droits civils des femmes, combat pour le droit des enfants.
Elle propose actuellement des conférences sur la journaliste Séverine, disciple de Vallès, dont elle reprit le journal « Le Cri du peuple », à la mort de ce dernier. Séverine, celle qui a inventé le journalisme d’investigation.
Les recherches actuelles de Marie-France Boireau concernent les « hussardes noires de la République », dont les noms sont complètement tombés dans l’oubli, ces femmes qui, à la fin du XIXe siècle, ont oeuvré pour une école républicaine, démocratique, lieu d’émancipation véritable, alors que déjà diverses formes d’obscurantisme menaçaient.