à Roland Desné (1931-2020)
par
Yves MENAGER
Maître de conférences honoraire de l’Université de Reims-Champagne-Ardenne
Roland Desné, professeur émérite de Littérature Française, né en 1931, nous a quittés le 9 juillet dernier.
Roland Desné peut être considéré comme un des membres fondateurs du département de français, sinon de la Faculté des lettres, de l’université de Reims. Quand il est nommé à Reims au début des années 1960, la Faculté des Lettres n’existe pas. Elle n’est alors qu’une « antenne » de l’Université de Nancy installée dans un bâtiment municipal. Il crée le département de littérature comparée de l’université de Reims, qui devient Université de Reims Champagne Ardenne en 1982. Il y effectuera l’essentiel de sa carrière jusqu’à sa retraite.
Ce fils de cheminot, élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé de l’Université, attaché de recherches au C.N.R.S, Docteur d’Etat (Thèse sur Diderot), a consacré la plus grande partie de sa vie au « Siècle des lumières ». Il est l’un des fondateurs de la revue « Dix-Huitième siècle » (1964) dont il fut longtemps le directeur (avec Paul Vernière). Il est également le créateur de l’Annuaire international des dix-huitièmistes. Il a participé à la « découverte » et à la connaissance du curé Meslier dont il publia l’oeuvre avec Jean Deprun et Albert Soboul (Prix de l’Académie Française en 1972). Il est l’auteur d’un très grand nombre d’articles, préfaces, d’ouvrages, parfois collectifs, fruits d’une recherche constante et exigeante. On aura une idée de cette richesse en consultant la bibliographie publiée dans Etre matérialiste à l’âge des lumières (1999) ouvrage dû à Béatrice Fink, Gerhardt Stenger, avec la participation de Christopher Coski . Il est également fondateur et membre actif de la Société Voltaire. En 1984, il contribue au succès et au rayonnement de l’année Diderot.
Le nombre et la qualité de ses travaux lui valent de nombreuses invitations et collaborations internationales en Europe, au Japon, aux Etats-Unis notamment.
Son activité de chercheur et d’enseignant ne se limite pas à la littérature du dix-huitième siècle. C’est ainsi qu’il participe à l’élaboration de la volumineuse Histoire littéraire de la France publiée sous la direction de Pierre Abraham (12 volumes). En 1967, sous le titre Qu‘est-ce qu’enseigner le français ? il présente une « contribution à la recherche d’une doctrine pédagogique pour le second degré ».
C’est aussi un homme engagé dans la vie quotidienne de son temps. Il est à sa place quand il est nommé membre de la Commission du Bicentenaire de La Révolution Française. Dans sa longue vie, il ne renoncera jamais à manifester ses convictions progressistes et généreuses, signant des articles pour « La Nouvelle critique » , « La Pensée », « France nouvelle », contribuant aux publications des Editions sociales.
Roland Desné était un humaniste modeste et discret. Son activité inlassable, l’importance de son oeuvre et des voies qu’il a tracées, ont grandement participé au rayonnement de notre université.