Appel à communication,
Sémiotique et post-mémoire,
Tópicos del Seminario.
Revista de Semiótica
Verónica Estay Stange (éditrice)
« Mémoire trouée » (Henri Raczymow), « diaspora des cendres » (Nadine Fresco), « post-mémoire » (Marianne Hirsch) : depuis quelques années plusieurs termes ont été proposés, avec plus ou moins de succès, pour désigner un phénomène dont l’importance aujourd’hui peut être constatée à la lumière du grand nombre de créations artistiques et intellectuelles réalisées par les descendants de survivants et de bourreaux impliqués dans les différentes exterminations de masse ou dictatures, ainsi que des divers mouvements impulsés par eux en Europe et en Amérique Latine. Dans tous les cas, il s’agit d’assumer ou de mettre en question l’héritage d’un traumatisme collectif vécu par la génération précédente et transmis aux suivantes soit à travers des récits précis, soit au moyen de manifestations qui échappent au langage articulé voire à la volonté de communication – gestes, silences, réactions somatiques et affectives, patrons de comportement…
Située entre l’expérience individuelle, interpersonnelle et collective ; entre la trace psychique et sa formulation discursive, la « post-mémoire » – désignation que nous retenons ici et dont la portée relève sans doute de son caractère synthétique et non métaphorique, qui favorise la conceptualisation – constitue par définition un objet pluridisciplinaire. Ainsi, les champs les plus divers ont apporté et continuent à apporter des éléments pour sa compréhension : psychologie et psychanalyse – dont la légitimité en matière de transmission générationnelle du trauma est incontestable –, études thématiques (« memory studies », « trauma studies », « genocide studies »), histoire, et même sciences cognitives, neurosciences et génétique.